la procession des ventres a commencé
interminable
ils enterrent les jours gâchés
l’ennui programmé
la défaite de leurs ambitions
leurs rêves fracassés
l’absurde compétition
la gabegie des désirs floués
ils se dirigent en chantant
vers des fosses communes
creusées à la hâte
dans les jardins publics
des médecins en blouse blanche
armés de leurs seringues
les accompagnent solennellement
dépassés par la gravité d’une épidémie
qu’aucun médicament ne peut plus enrayer
on entend parfois
dans les champs de banlieues
en friche et sans fleurs
le bruit sec de ces ventres
crevant comme des baudruches
trop gonflées