Borobudur
quand le stress leur donne des airs d’insectes agités sur les trottoirs
sous pression, sans cesse inquiets de leur destin dérisoire,
tournes la roue du dharma lentement sans histoire
pour l’abandon délicieux à ton mouvement circulaire
pour s’allonger de tout son long sur ta beauté inondante
capable de nous conduire vers les hauteurs
là où trône le Vide en sa splendeur
la Lumière en sa douceur.
Borobudur
Borobudur
quand se crispent le soir leurs mâchoires dans les métropolitains,
quand se plaquent leurs faces tuméfiées contre l’opacité des écrans,
fais retentir la musique de ton nom dans ce tintamarre,
enveloppes-nous dans le silence de tes bouddhas cajôleurs
reçois-nous simplement au milieu du Vide plénier
dans ta coupole centrale
à la fin du voyage
dans ta Demeure.
Borobudur
au fin fond de la foule aléatoire
ricochant à la surface des choses sans comprendre,
conduis-nous le long de tes galeries de pierres
débordantes de chefs d’oeuvres à profusion
en compagnie des bonzes et des mendiants
fredonnant les mantras sacrés
le coeur ouvert et tendre.
Borobudur
dans cette course haletante pour jouir coûte que coûte
au milieu des tours barrant le ciel de leurs poings métalliques,
enlaces-nous de ta simplicité de temple
où veillent autour du grand stupa central
bourré de Vide et de Lumière
une floppée de bouddhas en méditation.
Borobudur
au milieu des foules fébriles
emmêlées dans leurs désirs stériles
ton nom suffit à m’entrainer dans cette déambulation sacrée
en montant lentement les huit niveaux de l’octuple sentier
pour recevoir la Vérité.
Borobudur
je m’énivre de ta splendeur
je m’envole dans la déambulation lente
de tes galeries en spirales
conduisant au grand stupa central
plein de Vide et de Lumière
là où un enfant veille sur le Mystère.
Borobudur
il y a tellement d’effluves d’amour
à s’échapper partout aux alentours
de tes mille stupas couronnés de prières,
tellement d’effluves d’amour
pour maintenir le monde en son unité
malgré tous les coups portés.
Borobudur
ton nom puissant clame dans le ciel
comme mille trompettes étincelantes
capables de faire vaciller cette ville
assoupie sur ses certitudes trop matérielles
Borobudur
ce nom résonnait depuis si longtemps dans ma mémoire
comme le tintement d’un carillon clair
à l’aube de ma vie.