Alors un jour
par surprise
tu passes à travers
l’emprise matérielle
des choses…
Alors un jour
par surprise
tu passes à travers
l’emprise matérielle
des choses…
A force de te cogner contre les murs
de l’humaine prison
tu apprends
l’acceptation
l’acceptation légère
de ton inanité sans rémission.
Alors
tu te dresses aux aguets
sur le qui-vive
prêt à frapper
toi aussi
de toute la force
du poème.
Parfois
perfore le ciel de son bec
le cri strident de l’oiseau
s’élançant dans le vide
comme un coup de poing,
il tente l’impossible :
arracher ce monde
à son sommeil
insensé.
Au milieu du silence
de ces mers intérieures
où navigue seul
un grand voilier égaré
tu travailles avec application
à l’aide de ton souffle
à l’effacement progressif
du moi.
Il y a là
des parfums venus d’ailleurs
des vapeurs de l’au delà
une douceur inconnue
tu t’enfonces délicieusement
en fermant les yeux
sur ces paysages intérieurs
où plus personne n’ose
s’aventurer.
Emerveillé
tu découvres pas à pas
la solitude aérée
le monde spatieux de l’absence
ce vide lumineux qui se prélasse
entre les choses.
Tu découvres un jour
à l’angle d’une rue
une échappatoire
c’est un chemin de traverse
s’en allant à l’écart
le long d’une plage oubliée,
il y a des immortelles
et les chardons sont
en fleurs.
Sous la clarté blafarde
des lampes halogènes
tu traverses pieds nus
un grand désert caillouteux
des trottoirs sans fin longent des murs griffés de tags
par endroit des vitrines clignotent
pour attirer les mouches.
Un long sanglot
derrière les vitres
c’est la demeure familiale,
où tu meurs d’ennui
surtout la nuit.