alors
dans le vide ainsi créé
ouvre ton coeur !
me chuchotent les vagues
ouvre ton coeur !
me martèle les vieux rochers
donne tout
largement
sans compter
dans une gerbe de rire
éclaboussant la plage
donne tout
sans compter
alors
dans le vide ainsi créé
ouvre ton coeur !
me chuchotent les vagues
ouvre ton coeur !
me martèle les vieux rochers
donne tout
largement
sans compter
dans une gerbe de rire
éclaboussant la plage
donne tout
sans compter
alors
dans le vide ainsi créé
au dessus du vieux rocher
folle corolle de plumes ébouriffées
avec sa pure joie d’être
et de danser
le cri des goélands
pour seule réponse
le cri des goélands
dans ma caboche fragile
le cri des goélands
et sa vérité rauque
alors
ces vieux récifs
loin de la pâle luminescence des écrans
ils martèlent la lumière de leur présence
si dense
ils donnent largement sans compter
l’énergie jaillissant
de leur ventre
et dans le vide ainsi créé
loin des métastases
de la grande ville
ils vous régénèrent.
alors
parmi tous ces vieux rochers
se dressant ironiques sur la mer
rôder autour de leurs blessures
en enjambant les failles
pour leur faire lâcher à la longue
leur secret
et dans le vide ainsi créé
un jour
à l’improviste
basculer dans leur monde intérieur
dans ce silence minéral
dont ils sont les gardiens
agressifs
alors
dans le vide ainsi créé
un oiseau s’élance du rocher
ponctuation rauque et libre
dans l’espace plénier
pour nous rappeler à la perfection
de sa trajectoire claire
mais les hommes regardent ailleurs
de l’autre côté
vers l’obscurité rassurante de leurs villes
vers les choses ordinaires.
alors
dans le vide ainsi créé
des griffures de rochers
barattant le lait de la mer nourricière
des formes fantasques et têtues
comme des poings serrés
des récifs rageurs
se jetant contre l’étrave des navires
à l’assaut de l’acier prétentieux
alors dans ce dédale de pierres
envahis de courants furieux
seul le coeur
sait se tracer son sillage
en évitant les naufrages
alors près de ces vieux récifs
lézardant au soleil
il faut savoir s’arrêter
s’immobiliser
laisser le temps toujours pressé
s’en aller
vers ses urgences
il faut savoir lâcher-prise
se dénouer de toute attente
et peut-être dans le vide ainsi créé
attraper au vol
une parole
un poème
serti de silence
alors
assis sur le sable
les mains posées l’une sur l’autre
comme une vasque
dans le vide ainsi créé
je laisse ces rages de récifs déverser leurs poèmes
je me laisse traverser
par leurs fulgurances
ils me soufflent
des mots immenses
des mots secrets
Il surgit
le récif
pour me sauver in extremis
du néant de cette vie qui s’effrite
pour m’extirper de mes pièges
me rappeler à la sève des origines
celle de la pierre
invulnérable
à toutes les tempêtes
à toutes les disparitions.
Sur la page blanche
il surgit
quoi ?
le récif
le récif en sa cruauté de pierre
il surgit
comme une épée aiguisée
jaillissant de la mer.