04-ses-opacites-d-ecran

juste avant le silence
avant l’au-delà des mots

cette époque hirsute
cacophonique
égarée

son amoncellement d’objets inutiles
ses opacités d’écran
ses performances dérisoires

son progrès
ne pouvant dissimuler
derrière ses encarts publicitaires
clignotant dans la nuit

l’angoisse
d’une perte abyssale
du sens

03-toujours-presses

ils courent

ils courent s’agréger par paquets
en foules serrées
compacts obstinés
sans répit
sans repos

ils courent
dérouler leurs banderoles
sur la place du marché
manifestant bruyamment
des slogans de contrariété

ils courent dangereusement
aux lisières de la débâcle
aux frontières de leur disparition
flirtant avec le désastre

ils courent
ils courent plus vite
toujours plus vite
sans cesse
partout
sans limite

obstinément
aveuglément

inépuisables

vers le désastre

02-ils-courent-presses

ils courent

ils courent en foule
sans nombre
sans fond
inépuisables
sans limite

ils courent
après leur ombre
éparpillés
en tous sens
toujours plus vite
toujours plus loin

se reproduire en cachette
au hasard
à l’improviste
par inadvertance

ils courent derrière l’horizon
le plus vite possible
pour en finir
avec l’inconscience

on entend parfois dans la nuit
la pétarade de leurs moteurs
au dessus des villes
dispendieuses

01-ils-courent

ils courent

ils courent
ils courent pressés
toujours pressés

séparés
oui séparés
émiettés
fragmentés

ils courent
éparpillés sur les trottoirs
comme des morceaux de mur brisé

plein de gravas partout
dans la tête
dans les yeux
dans les pensées

toujours ailleurs
ils courent
fébrilement
s’en allant en chantant
insouciants
pressés

toujours pressés

vers le désastre