Qu’est-ce que l’art intégral ?
L’Art Intégral fait irruption dans la grisaille parisienne et glacée de l’hiver,
vendredi prochain 17 février 2012, pour toute la journée,
à l’Université Intégrale.
Cela va sans doute réchauffer les âmes et les coeurs
car l’Art Intégral est un grand espoir,
il est à l’art contemporain, ce qu’en écologie l’énergie solaire est au nucléaire,
ou en économie,les monnaies locales à l’euro ou au dollar,
c’est à dire une nécessité vitale de notre époque, à inventer,
pour ne pas participer plus longtemps au désastre qui se profile,
et s’engager résolument dans la métamorphose
nécessaire à tous les domaines de la vie,
– et l’art, malgré ses grands airs ou ses mains blanches,
ne peut pas y échapper plus longtemps.
Voilà comment l’Art Intégral m’est apparu de manière très subjective :
L’Art Intégral est reliance
L’Art Intégral n’est pas une rupture de plus dans l’histoire de l’art,
si mouvementée avec toutes ces avant-gardes du 20e siècle,
dont la seule obsession étaient de se démarquer,
pour inventer à tout prix des formes nouvelles contre les anciennes,
très vite piégées à leur tour dans ces « ismes » qui ont ponctué ce siècle de brutalité et d’intolérance :
(réalisme, impressionisme, expressionisme, symbolisme, futurisme, suprématisme, dadaïsme, surréalisme, situationisme, etc, etc…)
L’Art Intégral n’est pas une rupture, c’est une reliance :
il s’agit de favoriser par la grâce du Beau et de la création,
la mise en relation de tous les territoires confinés, de toutes les chasses gardées, de toutes les chapelles étriquées, resserrées sur leur spécialité et sur leur expertise.
L’Art Intégral est ouvert, totalement ouvert,
dans une totale liberté sans limite qui outrepasse de loin l’Art lui-même,
car L’Art Intégral s’intéresse à tout : il est relié, il est connecté, il est branché,
il intègre dans la plus grande insouciance et la plus grande assurance,
ce qui n’est pas traditionnellement de son domaine de compétence
– « l’art pour l’art » est pour lui la plus grande ineptie qui ait été proférée.
Cela veut dire que l’Art Intégral est relié à tous les domaines de la connaissance et de la vie,
faisant voler en éclats – pour ne pas dire en éclats de rire –
tous ces compartimentages qui se protègent frileusement en s’ignorant superbement :
philosophie, sociologie, psychologie, anthropologie, ethnologie, économie…
cosmologie, physique quantique, biologie, neurologie, génétique, médecine…
écologie, religion, spiritualité, ésotérisme, astrologie, chamanisme, etc, etc..
l’Art intégral se relie et se nourrit de tout cela, sans restriction ni retenue,
et c’est de cette reliance que peut émerger la Beauté intégrale,
par ce processus créateur et intégratif de la bissociation
qu’Arthur Koestler a très bien décrit à la fin de sa vie,
et qui consiste à mêler créativement deux formes habituellement séparées
pour faire émerger une troisième forme qui les intègre et les illumine
de son évidence créatrice.
L’Art Intégral s’intéresse prioritairement au Tout
Mais si l’Art Intégral s’intéresse à tout, il est normal qu’il commence par s’intéresser prioritairement au Tout,
c’est à dire ce qui va lui permettre la vision la plus large, la plus généreuse,
car les plus belles créations de l’art tirent leur inspiration
de cette possibilité esthétique « d’être intuitionnée » par le Tout, qui se trouve dans la dimension la plus haute de l’Etre,
à contrario de la raison souveraine de cette époque, qui est captée, sidérée et enfermée par les illusions de la matière et du monde sensible,
c’est à dire tirée vers le bas.
L’Art Intégral n’a donc aucun problème avec la recherche du Tout,
qui a pris ses racines dans les mythologies les plus anciennes,
dans les religions et spiritualités issues de toutes les cultures humaines,
depuis que l’homme s’est intéressé à la culture – c’est à dire il y a au moins 300 000 ans quand il a commencé à enterrer ses morts.
L’Art Intégral met même un point d’honneur à s’occuper de Cela,
pour rattraper et tenter de rééquilibrer le temps perdu
– ce désastre de la connaissance humaine vieux de 400 ans,
complétement hypnotisé par le primat de la matière, donnant lieu à cette science matérialiste, rabougrie, prisonnière des carcans du monde visible et qui se montre de plus en plus incapable à donner une direction éclairée à l’évolution humaine.
L’Art Intégral s’intéresse certes de temps à autres, à ces sciences conventionnelles, dans son souci de reliance,
mais il s’intéresse d’abord et avant tout au Tout,
c’est à dire à la Science de l’Esprit,
ce qu’on appelait autrefois la métaphysique, le religieux, le sacré, le divin, le transpersonnel, le Tao, le Vide, la Source, l’alpha et l’oméga, la Vacuité lumineuse, etc…
De plus, l’Art Intégral aime tirer son inspiration et sa création de tous les états modifiés de conscience appartenant à ce monde invisible des esprits et de l’Esprit.
L’Art Intégral n’a donc aucun problème avec Dieu et la Transcendance,
pire il les cultive et cela loin des dogmes et des croyances, par l’expérience directe et la pratique sur soi-même,
il vénère toutes les formes de méditation, de contemplation, la pleine conscience et l’hypnose,
toutes les sagesses venant de l’Orient, et des peuples premiers,
il vénère tout ce qui n’est pas altéré par le rouleau compresseur du monothéisme matérialiste et athée.
Car c’est de cette dimension humaine la plus haute et la plus méprisée,
que peut venir le mieux cette conscience du Tout,
et c’est de cette conscience que nous attendons les plus belles révélations de la Beauté à venir,
celles qui nous donnera des ailes pour la métamorphose nécessaire de cette époque anémiée et boursouflée de matière.
L’Art Intégral est connecté au réel
Il y a une autre dimension incontournable de l’Art Intégral :
il est profondément relié, connecté et ancré au réel, au réel de l’ici – maintenant, au réel de l’actualité, au réel de cette époque la plus dangereuse, où l’espèce humaine met en jeu sa disparition ou sa continuation.
L’Art Intégral s’occupe donc de cette Crise qui ne ressemble à aucune autre crise précédente, au sens où elle est totale, on pourrait dire intégrale,
touchant à tous les domaines de la vie et n’épargnant aucun lieu de cette planète.
Alors, l’Art Intégral peut mieux qu’un beau discours servir à la prise de conscience nécessaire de ce réel,
en rendant compte à sa manière du désastre et de la guérison,
de la destruction et de la création,
de la mort et de la renaissance,
l’Art Intégral par la force et la clarté de son expression esthétique,
par la fulgurance de ses images et de son imagination inspirée,
peut rendre compte le mieux de ce passage initiatique et dangereux du réel,
dans lequel l’être humain se trouve actuellement engagé pour le meilleur ou pour le pire.
En ce sens, bien sûr, l’Art Intégral est du côté de tous les indignés
qui se soulèvent actuellement partout sur la planète pour mettre à bas le vieux monde,
le vieux monde prédateur de la domination de l’homme par l’homme,
de l’exploitation éhontée des puissances de l’argent dont l’insensibilité technocratique a dépassé les bornes,
L’Art Intégral est indigné et il exprime haut et fort son indignation,
n’en déplaisent à tous ceux qui voudraient faire de l’art une activité annexe de divertissement
pour faire oublier le réel par la « joliesse » de la beauté inoffensive.
Mais dans son désir d’intégralité,
l’Art Intégral est aussi dans l’émerveillement
– il est autant indigné qu’émerveillé –
il prépare activement cette hygiène de l’esprit capable de s’émerveiller de la vie dans ses choses les plus simples et les plus ordinaires,
en particulier l’émerveillement de la nature retrouvée, réconciliée, célébrée,
car si renouveau il y a, il se fera dans cette disposition de la conscience élargie, capable de réunir les polarités opposées,
capable de manier l’indignation qui s’affronte et se révolte à l’émerveillement qui aime et réconcilie,
L’Art Intégral par la puissance du Beau est tout désigné pour exprimer ce réenchantement du monde,
aussi nécessaire que les fureurs de l’indignation.
L’Art Intégral est simple
Enfin, après la gabegie matérielle et virtuelle de la société de l’hyperconsommation,
après cette cacophonie insensée des signes et des objets qui s’accumulent en tas ou partent dans l’inanité de leur fumée,
aux alentours des incinérateurs des grandes villes moribondes,
tout semble indiquer qu’il faille se tourner vers la décroissance, la frugalité, la simplicité,
une sorte de dénuement assumé et partagé dans la convivialité et la solidarité immatérielle.
l’Art Intégral fait partie de ce mouvement de la décroissance, par un étrange paradoxe :
il est connecté à tout et au Tout, mais il s’exprime dans la plus grande simplicité.
L’Art Intégral est un art simple, lisible par tous, clair , convivial et participatif,
– tout le contraire d’un art conceptuel, si complexe, qu’il demande des grilles de décodage tout aussi absconses que lui-même.
l’Art Intégral par sa Beauté simple et évidente doit entrainer l’adhésion du plus grand nombre,
de manière que chacun puisse participer à l’ascension de l’esprit qui lui est actuellement proposé,
afin de cocréer un nouveau monde dont la beauté sera l’expression dominante.
L’Art Intégral ne se prend pas au sérieux
J’allais oublier : L’Art Intégral ne se prend pas au sérieux,
non seulement il est simple, mais il est joyeux,
il sait rire de lui-même dans cette période pleine de doute et de fureur,
où les idéologies risquent de s’entrechoquer.
l’Art Intégral saura ne pas virer à « l’intégralisme »,
car il mesure bien que c’est la joie, la danse , la célébration du moment présent, qui feront la différence avec les poings serrés et les visages tendus
de tous ceux qui ratiocinent avec gravité sur les dangers de l’époque en proposant sous la contrainte des plans d’austérité.
L’Art Intégral mesure bien que la proximité du désastre lui donne les ailes,
le rire et la liberté de ceux qui n’ont plus rien à perdre.
En ce sens l’Art Intégral est nietzschéen, il est de la famille de Dionysos,
qui renait chaque année au printemps, en dansant,
après les démembrements sanglants de son corps,
car l’Art Intégral, dans la vision de ce passage initiatique de « mort et renaissance », qui revient toujours sur cette terre à intervalle régulière,
et auquel il participe activement par la voie imprévisible et directe de la Beauté,
l’Art Intégral dans la vision de cet éternel retour qui pourrait en faire pleurer certains,
au contraire sait ne pas se départir de la joie,
car la joie fait partie de toute création,
car la création dans sa beauté inextinguible
est peut-être le seul principe finalement,
qui sous-tend mystérieusement la marche spiralée du cosmos,
dans une sorte de danse d’allégresse étoilée et sans limite,
à laquelle l’Art Intégral dans sa claire vision du Tout,
saura participer activement.